lundi 8 novembre 2010

"MATA ou la guerre n'est pas fini" (Raul Aguiar)

Présentation du livre de Raul Aguiar "Mata ou la guerre n'est pas fini" édité en français par la Maison des Ecrivains et Traducteurs (MEET).
              
Vendredi 19 Novembre à l'espace Louis Delgrès, 89 Quai de la Fosse (Nantes) à 19h en collaboration avec L'association Hola Cuba.
Vendredi 26 Novembre à la Voix au Chapitre (St-Nazaire) à 18h30 autour d'un apéro-lecture.

Biographie:
 Raúl Aguiar est né à La Havane, Cuba, en 1962. Il enseigne les techniques de narration au Centre de formation littéraire Onelio Jorge Cardoso à La Havane. Il est membre de l’Union des Écrivains et Artistes Cubains et de l’Association Hermanos Saíz. Poète, romancier et critique littéraire, il a obtenu le prix ibéro-américain Julio Cortázar (2003), le prix Abril (1994), le prix Pinos Nuevos (1994), le prix Luis Rogelio Nogueras (1993), le second prix au concours SF du magazine Juventud Técnica (1986), la mention honorable en SF au concours David (1984), etc. Il a été invité en résidence à la Maison des Écrivains Étrangers et des Traducteurs de Saint-Nazaire en 2007 et a publié en édition bilingue La guerre n’est pas finie (meet, 2008).

Extrait :
La mort, pour Orlando, c’est comme être couché au fond d’un cratère lunaire, à regarder l’espace noir, très noir, sans jamais pouvoir se lever, être pour l’éternité derrière toutes les fenêtres, s’ouvrir à la nuit noire sans étoiles, glace noire qui gèle les artères, alors il sent la chair de poule envahir ses jambes et le vertige le gagner, lui comprimant l’aine, et il serre le fusil qui maintenant fait partie de son corps, un second cœur qui le maintient en vie, une dimension supérieure à la sexualité mise à l’épreuve dans chaque parcelle de sueur et de peur que répriment tous les hommes de la brigade, même les chefs, et il se demande ce que, putain, il est venu faire ici, comment du jour au lendemain on a pu lui arracher sa liberté — comme un vêtement déchiré en pleine rue — ces rues fantômes peuplées de nébuleux amis aux cheveux longs et de jeunes filles hivernales dans le cinéma Yara, que le hasard plaçait à ses côtés et lui, qui brandissait des guitares imaginaires, battant la mesure à grands coups de tignasse échevelée, les jambes flageolantes sous les lampes des bleus qui lui réclament ses papiers, qui réclament les menottes, et alors là maintenant il y a quelqu’un — juste cela, un Quelqu’un sans carte d’identité, et qui s’appelle Orlando — assis sur la banquette arrière d’une camionnette qui fonce sur la route — plus on va vite, moins on pèse sur la route — et, le pire c’est que ce quelqu’un c’est lui, paniqué à l’idée qu’à tout moment n’explose une mine non détectée par les sapeurs, et entre ses mains le AK, glissant de sueur glacée tant il est facile de s’enfoncer à tout moment dans la Non-existence, à des milliers de kilomètres d’un Coppelia, ou d’une Betty toute nue, et l’Atlantique au beau milieu et lui, ici, se prenant pour un poète métaphysique. Quelle saloperie !

livre disponible ici et ici

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